jeudi 27 octobre 2011

PROCHAINE RENCONTRE LITTERAIRE ROCHEFORTAISE : NOVEMBRE 2011

"Les Romans et la Musique"
Mercredi 16 Novembre 2011à 16h00
Café "Le Bal des Oiseaux"
(entre la Poste et le cinéma)
Rochefort Sur mer

LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - LES CHOIX DE MOKA - "A l'automne !"


Retrouvez les choix de Moka
"Littérature Jeunesse"
sur son blog
"Cappuccino chez Lou Guitar"

Levons nos vers !
Portons une prose !
A l'automne !

  • "Au clair de la terre" - Poésie - Illustrations de Rebecca Dautremer (Gautier-Languereau) (Dès 3 ans)
  • "Mon carnet de haïkus" d'Anne Tardy, dessins de Georges Lemoine (Gallimard Jeunesse) (Dès 5 ans)
  • "La légende du cerf-volant" de Chen Jiang Hong (L'Ecole des Loisirs) (Dès 7 ans)
  • "Petit Jacques deviendra Prévert" de Carole Aurouet (Rue du Monde) (Dès 8 ans) - Nouveauté !
  • "Mutatis Mutandis" de Juliette (CD) (Polydor) (Dès 10 ans)
  • "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" de Philippe Delerm (Gallimard) (Dès 12 ans) (avec extraits sur le blog)
  • "Le feutre et la plume" - texte de Philippe Delerm (extraits)

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - LES CHOIX DE MOKA "FRISSONS D'HALLOWEEN"

    A quelques jours du 31 octobre,
    pour frissonner pendant la soirée d'Halloween,
    retrouvez les choix de Moka
    "Littérature Jeunesse"
    sur son blog
    "Cappuccino chez Lou Guitar"



    • "Journal d'une sorcière" de Celia Rees (Seuil) (Dès 10 ans) - Prix Sorcières 2003
    • "Waterloo Necropolis" de Mary Hooper (Les Grandes Personnes) (Dès 12 ans) - Rentrée littéraire Jeunesse septembre 2011
    • "Le crime d'Halloween" d'Agatha Christie (Le Livre de Poche) (Dès 12 ans)

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - LES CHOIX DE MARIE


    Retrouvez les choix de Marie
    et les "Nouveautés Littéraires"
    dans son excellent blog
    "La Page Déchirée"

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "Neige" de Maxence Fermine (Points)

    Vous nous avez présenté...

    "Neige"
    Maxence Fermine
    (Points)


    Au Japon, en 1884, Yuko Akita, agé de dix-sept ans, annonce la voie dans laquelle il a choisi de s'engager : il sera poète, contre l'avis de son père, un prêtre shintoïste qui estime que la poésie n'est pas un métier mais tout juste un passe-temps. Un poète de la cour Meiji a néanmoins vent des travaux de Yuko, lit ses poèmes, les trouve d'une limpidité admirable mais lui conseille de trouver de nouvelles couleurs et pour se faire de rejoindre un homme qui possède les plus grandes connaissances artistiques, Soséki. Yuko part à la recherche des couleurs de la neige, élément qui le fascine et à partir duquel il compose tous ses haïkus. En  traversant les montagnes, il fait une découverte. Il tombe éperdument amoureux du corps d'une jeune fille européenne, à la beauté diaphane, prisonnière des glaces depuis longtemps. Sa rencontre avec Soséki, ancien samouraï, vieux peintre aujourd'hui aveugle, va le guider dans sa quête. Mais le savoir suprême, Yuko ne le trouvera qu'auprès d'une femme, car seul l'amour peut faire naître l'absolu de l'art.
    Au fil des dialogues entre le maître et l'élève, la fragilité des choses, les images lumineuses du temps qui passe, la concision du langage ancrent ce récit initiatique dans la tradition et l'esthétique des haïkus dont il tire toute sa substance.

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "Carnet de récitations" (Ed. De Borée)

    Vous nous avez présenté...

    "Carnet de Récitations"
    (Apollinaire, Baudelaire, Du Bellay, Florian...)
    (Editions Du Borée)

    Présentation de l'éditeur :
    Souvenez-vous de ce moment où le maître demandait aux élèves de réciter "par coeur" les vers de nos illustres poètes français : Hugo, La Fontaine, Baudelaire... Vous, vous baissiez les yeux, de peur de croiser un regard qui valait désignation. Mais il y avait toujours un matin où l'instituteur citait votre nom. Alors, vous vous leviez, gauchement, pour réciter avec hésitation : "Les sanglots longs de l'automne monotone..." Et tout en bafouillant, vous réalisiez que vous seriez privé de récréation. Dans ce carnet, retrouvez les poèmes de votre enfance. Et récitez enfin à vos enfants ces vers pourtant si simples à retenir : "Les sanglots longs des violons de l'automne/Blessent mon coeur d'une langueur monotone."


    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "L'Apollinaire" (Mango Jeunesse)


    Vous nous avez présenté...

    "L'Apollinaire"
    illustré par Aurélia Grandin
    (Mango Jeunesse)

    (Dès 9 ans)

    La présentation de Ricochet :
    Grand album illustré sur une des grandes figures de la poésie française, Guillaume Apollinaire. Extraits de ses recueils poétiques, dix-neuf poèmes sont ici illustrés par de grands tableaux colorés signés Aurélia Grandin. Une belle introduction à l'oeuvre du poète pour les jeunes lecteurs.

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "128 poèmes composés en langue française de Guillaume Apollinaire à 1968" de Jacques Roubaud (Gallimard)


    Vous nous avez présenté...

    "128 poèmes composés en langue française
    de Guillaume Apollinaire à 1968"
    Jacques Roubaud
    (Gallimard)

    Présentation de l'éditeur :
    Un siècle où on libère le vers : est-ce ainsi que vous définiriez le vingtième siècle ? Sans doute y ajouteriez-vous des éléments venus d'horizons divers : deux guerres mondiales, la naissance du cubisme, l'humour noir, l'atrocité des génocides, le matérialisme croissant... Et bien, de tout cela la poésie se nourrit, et voici 128 poèmes à déguster sans modération. L'accompagnement critique traverse les grands courants poétiques (surréalisme, dadaïsme, poésie objective) en mettant en relation chacun d'entre eux avec l'étude d'un poème. Les évolutions de la versification rendent compte de la modernité en poésie. Par ailleurs, l'anthologie de Jacques Roubaud est considérée comme une oeuvre à part entière. Anthologie poétique (XXème siècle) recommandée pour la classe de Première.

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "Les nourritures terrestres" d'André Gide (Gallimard/Folio)


    Vous nous avez présenté...

    "Les nourritures terrestres"
    André Gide
    (Gallimard/Folio)

    André Gide, exalté, sensuel, lyrique. "Les nourritures terrestres", oeuvre de jeunesse, est un hymne panthéiste. Il célèbre la vie, la nature, le désir. Sa composition est kaléidoscopique, les genres y sont mêlés : notes de voyages, fragments de journal intime, rondes et ballades, dictionnaire poétique, dialogues fictionnels. Toutes les formes d'écriture sont convoquées pour dire l'ardeur avec laquelle Gide tente d'exister. Il invite le lecteur à éduquer sa sensibilité, tendre vers une acuité de l'instant, du mouvement, du dénuement. Vers l'amour, libéré de ses contraintes morales ou religieuses.


    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "101 poèmes sur les femmes" (Le Temps des Cerises)

    Vous nous avez présenté...

    "101 poèmes sur les femmes"
    choisis et présentés par Patricia Latour
    (Le Temps des Cerises)

    Si elles ont souvent eu du mal à s'exprimer comme "auteures", les femmes sont, depuis le XIIème siècle, le thème central de la poésie française. Ce choix donne, à travers le prisme de la poésie, une idée de l'évolution de l'image de la femme.

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "Le bateau ivre - Arthur Rimbaud" (Rumeur des Ages)

    Vous nous avez présenté...

    "Le bateau ivre - Arthur Rimbaud"
    illustré par André Reynaud
    (Rumeur des Ages)

    Un poème à relire dans une très belle édition de l'éditeur rochelais Rumeur des Ages...

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - "Midi 20" - Grand Corps Malade (CD) (Az)

    Vous nous avez présenté...


    L'album "Midi 20"
    de Grand Corps Malade
    (Az)

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Clin d'oeil






    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Quelques haïkus...


    Quelques maîtres japonais...




    XVème siècle (auteurs de haïkaï-ranga, enchaînements de poèmes comiques)

    YAMAZAKI Sôkan (1465 - 1553)

    Même
    Lorsque mon père se mourait
    Je pétais

    ARAKIDA Moritake (1473 - 1549)

    Sur le front des falaises
    Les saules reverdis
    Dessinent des sourcils

    XVIème siècle

    ISHÛ (Matsue Shigeyori) (1596 - 1670)

    Dans les hautes herbes d'été
    Seuls avancent
    Les bâtons de pèlerins

    XVIIème siècle

    BASHÔ (Matsuo Bashô) (1644 - 1694)

    Ce chemin -
    Seule la pénombre d'automne
    L'emprunte encore

    Dans le goût mordant du radis
    Je sens
    Le vent d'automne

    Devant l'éclair -
    Sublime est celui
    Qui ne sait rien !

    KOSUGI Isshô (1652 - 1688)

    Mes yeux
    Qui ont tout épuisé
    Reviennent au chrysanthème blanc

    MORIKAWA Kyoroku (1656 - 1715)

    Au milieu de la casserole
    Parmi les patates -
    Le clair de lune !

    XVIIIème siècle

    BUSON (Yosa Buson) (1716 - 1783)

    Couchant d'automne -
    La solitude aussi
    Est une joie

    ISSA (Kobayashi Issa) (1763 - 1827)

    Ce matin c'est l'automne -
    A dire ces mots
    Je me sens vieillir

    XIXème siècle - XXème siècle

    NATSUME Sôseki (1865 - 1915)

    Sur la montagne en herbes
    On lâche les chevaux
    Dans le ciel d'automne

    SHIKI (Masaoka Shiki) (1867 - 1902) (père fondateur du haïku moderne inspiré de Buson)

    J'ai tué une araignée -
    Solitude
    De la nuit froide

    OZAKI Hôsai (1885 - 1926) (anti-traditionnaliste)

    Sur la pointe d'une herbe
    Devant l'infini du ciel
    Une fourmi

    XXème siècle

    TAKAYANAGI Shigenobu (1923 - 1983)

    Grondent
    Les tambours de guerre
    Jusqu'à meurtrir
    La chair de l'automne

    KIMURA Toshio (né en 1956)

    Eclipse de lune -
    Je regrette
    Ce haïku qui m'échappe

    (Extraits de "Haïku - Anthologie du poème court japonais" - nfr Poésie/Gallimard)

    LES HAÏKUS - Un peu d'histoire...


    Le haïku est la forme poétique la plus courte du monde. C'est ainsi que, depuis plusieurs siècles, les Japonais expriment leur bonheur, leur agacement, leur tristesse, leur étonnement, leur joie d'être au monde. Il se compose de trois phrases de 5, 7, 5 idéogrammes, soit une seule ligne en japonais. Son esprit actuel est attribué au poète Bashô (1644 - 1694), maître du style comique qui érige le haïku au rang d'une forme d'art absolu. Adepte du zen, poète-voyageur, il mène une vie itinérante, suivi par de nombreux disciples. Il fixe des règles strictes pour la composition des haïkus et la présence indispensable du mot-saison (kigo). Selon Bashô, un haïku, "c'est simplement ce qui arrive en tel lieu, en tel moment". Au sommet d'une montagne ou au bout de la rue, au coeur d'une tempête ou au milieu d'une sieste.

    L'origine du mot haïku remonte au tanka (en 760), qui signifie "poème court", incantations et chants destinés aux déités et qui contiennent des références précises aux saisons et aux éléments de la nature liées au culte animiste shintô.

    Il consiste en cinq vers de 5, 7, 5, 7, 7 idéogrammes. La première partie, ou hokku (5, 7, 5) doit évoquer la saison, la nature. La seconde partie (7, 7) lie la scène à un sentiment ou à une émotion. Si le haïku n'indique ni saison, ni moment particulier, on l'appellera un moki.

    Le hokku donnera naissance au haïkaï, et plus tard au haïku, qui continuera à transmettre sentiment ou émotion sans les citer. Cet art de suggérer un état intérieur sans le décrire est précisément considéré au Japon comme l'essence même de la poésie.

    Les Japonais d'aujourd'hui continuent, bien sûr, à écrire des haïkus. Ils en sont les maîtres. Mais ils ne sont plus les seuls. Il s'en écrit maintenant dans toutes les langues. Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le tout début du XXème siècle. Les écrivains occidentaux ont alors tenté de s'inspirer de cette forme de poésie brève. Mais l'exacte transposition de la composition originale japonaise, du fait des idéogrammes, est impossible, quelle que soit la langue. Un idéogramme ne correspond pas à une syllabe. Ceci donne d'ailleurs lieu à de vifs débats passionnés entre haïkistes : ceux partisans d'imposer des règles strictes de composition favorisant ainsi davantage le jeu intellectuel ; et ceux partisans d'une liberté presque totale d'écriture favorisant ainsi davantage la spontanéité et la sensibilité. Chacun a donc ses propres règles.

    Le haïku ne décrit pas seulement les choses. C'est avant tout une photographie subtile et instantanée  des sens, des émotions, teintée souvent d'humour et de figures de style, et qui doit impérativement provoquer un sentiment chez le lecteur, ne serait-ce qu'un tressaillement. Mais de son côté, c'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image.

    Sources :
    Ces excellents ouvrages :
    "Mon carnet de haïkus" d'Anne Tardy (Gallimard Jeunesse)
    "Haïku - Anthologie du poème court japonais" (nrf Poésie/Gallimard)

    LE SLAM : Un peu d'histoire...

    Le Slam, ou poésie urbaine, est un genre poétique, avec ou sans accompagnement musical, destiné à être dit en public. Ce sont des textes souvent personnels, parfois engagés dans une vision contestataire de la société, mais pas seulement. C'est aussi une façon de déclamer des mots, de partager des sentiments, de dévoiler une part d'intimité, d'affronter sa timidité, de se révéler tel que l'on est.

    Partout en France, dans de nombreux endroits publics, les jeunes slameurs ont su toucher la sensibilité de toutes les populations, de toutes les générations, de toutes les cultures, et ont insufflé autour d'eux un intérêt croissant à ce genre littéraire atypique. Jeunes et moins jeunes, en toute liberté, s'affrontent dans des joutes oratoires conviviales, ou bien écoutent.

    Le mot "slam" signifie "claquer" car la poésie doit claquer et devenir un spectacle. Les règles du slam sont simples : les textes doivent être dits a cappella ; ils ne doivent pas excéder trois minutes ; et ils doivent être dits dans des scènes ouvertes, souvent des cafés (d'ailleurs la légende raconte qu'"un texte dit, c'est un verre offert par le patron").

    Il existe des tournois aux règles beaucoup plus strictes, en France et dans le monde entier.

    Le slam est apparu en France dans les années 90 émergeant d'une certaine forme de rap (MC Solaar avait déjà ouvert la voie à un rap poétique). Il a été mis en lumière et popularisé grâce à un jeune auteur de Seine Saint Denis, Fabien Marsaud, dont la paralysie partielle à la suite d'un accident de natation lui a offert son pseudonyme maintenant très connu et reconnu : Grand Corps Malade. Grand Corps Malade a obtenu, en 2007, deux Victoires de la Musique : "Album révélation" et "Révélation de la scène" de l'année. Puis en 2008 et 2009, le Félix (équivalent de nos Victoires de la Musique) de l'Artiste Francophone de l'année au Québec.

    Mais avant lui, d'autres grands noms de la littérature s'étaient essayés à ce style littéraire : Kerouac, Ginsberg, Burroughs... Alain Bashung a slamé des extraits du "Cantique des Cantiques". Gilles Deleuze lui-même a enregistré un texte de Nietzsche en musique que certains considèrent comme une forme de slam.

    Depuis quelques années, véritable partenaire des enseignants de la langue française, le slam a investi les établissements scolaires car, facile d'accès, peu contraignant, ludique, il permet une nouvelle approche de la poésie et du travail oral.

    D'aucuns n'hésitent pas à dire que slamer, c'est revenir aux sources de la poésie antique.

    Sources :
    Magazine Muze - Mars 2007
    Wikipedia
    Site officiel de Grand Corps Malade
    Site "Le café pédagogique"


    "Le slam est peut-être un art, le slam est peut-être un mouvement, le slam est sûrement un Moment... Un moment d'écoute, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage." - Grand Corps Malade


    Extraits de "Attentat verbal" - 2004 - Grand Corps Malade

    C'est quoi, c'est qui, ces mecs chelous qui viennent pour raconter leur vie
    C'est elle, c'est lui, c'est moi, c'est nous, on vient même si t'as pas envie
    Mais si t'écoutes un tout petit bout, p't-être bien que t'en sortiras ravi
    Et ça c'est important pour nous, c'est grâce à ça qu'on se sent en vie

    Le plaisir de capter des regards un peu destabilisés
    Qui se disent ceux-là, ils ont pas peur de se ridiculiser
    Le plaisir de capter des regards parfois remplis d'émotion
    Dans ces cas là, on sait qu'on a passé le test avec mention

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Clin d'oeil


    "Les poètes nous transportent dans un monde plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui qui nous est donné, différent par là même, et en pratique presque inhabitable."

    Marguerite Yourcenar dans "Mémoires d'Hadrien"


    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Paul Verlaine et Arthur Rimbaud

    "Un coin de table"
    par Henri Fantin-Latour en 1872
    (Verlaine en bas à gauche et Rimbaud à sa gauche)

    Les figures de Verlaine (1844 - 1896) et de Rimbaud (1854 - 1891) prolongent le type du poète maudit par leurs vies hors des normes sociales. Si Arthur Rimbaud reste comme le "voleur de feu", le voyant et l'aventurier éphémère de la poésie avec ses fulgurances et ses révoltes, Paul Verlaine, avec une oeuvre plus longue, est associé à la musicalité, au lyrisme mélancolique et à une sorte d'impressionnisme de par son art de la nuance.


    Le couchant dardait ses rayons suprêmes
    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
    Les grands nénuphars entre les roseaux
    Tristement luisaient sur les calmes eaux.

    Extrait de "Promenade sentimentale" de Paul Verlaine

    D'un gradin d'or - parmi les cordons de soies,
    Les gazes grises, les velours verts et les disques
    De cristal qui noircissent comme du bronze au soleil -
    Je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes
    D'argent, d'yeux et de chevelures.

    Extrait de "Fleurs" d'Arthur Rimbaud

     

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Charles Baudelaire

    Portrait de Baudelaire
    par Gustave Courbet

    Charles Baudelaire (1821 - 1867) :
    Avec lui un nouvel âge de la poésie commence. Il est l'un des poètes majeurs du XXème siècle. Ses contemporains sont surtout sensibles à ses "scandaleuses audaces". Suite à la publication des "Fleurs du Mal" en 1857, sa condamnation pour outrage à la morale et aux bonnes moeurs ajoute à une réputation "d'extravagance". De ses désirs, de ses angoisses, de ses amours, sordides ou idéalisées, Baudelaire fit la matière à son oeuvre. Associant le souci formel des poèmes plutôt courts et le réalisme de l'expression d'une angoisse existentielle partagée entre le Spleen et l'Idéal, il a réussi une "alchimie poétique" exemplaire. Poète du monde réel et de la beauté, du bonheur et de la souffrance, de la morbidité et du péché, il a en grande partie fondé le type du poète tourmenté et inadapté au monde. Baudelaire a également donné au poème en prose sa notoriété.

    Des cloches tout à coup sautent avec furie
    Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
    Ainsi que des esprits errants et sans patrie
    Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

    Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
    Défilent lentement dans mon âme : l'Espoir,
    Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
    Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

    Extrait de "Les Fleurs du Mal" - Spleen


    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Le Parnasse

    Théophile Gautier
    photographié par Nadar en 1855
    Le Parnasse est un mouvement poétique apparu en France dans la seconde moitié du XIXème siècle. Ses précurseurs sont Théodore de Banville et Théophile Gautier. Ce mouvement avait pour but de valoriser l'art poétique par la retenue, l'impersonnalité et le rejet de l'engagement social et politique de l'artiste.

    Le Parnasse apparaît en réaction aux excès lyriques du romantisme de la poésie de Lamartine et de Musset qui mettent en avant les épanchements sentimentaux aux dépens de la perfection formelle du poème.

    Pour les Parnassiens, l'art n'a pas à être utile ou vertueux, et son seul but est la beauté. C'est la théorie de "l'art pour l'art" de Théophile Gautier. Ce mouvement réhabilite aussi le travail acharné et minutieux de l'artiste.

    Tout près du lac filtre une source,
    Entre deux pierres, dans un coin :
    Allègrement l'eau prend sa course
    Comme pour s'en aller bien loin.

    Elle murmure : Oh ! Quelle joie !
    Sous la terre il faisait si noir !
    Maintenant ma rive verdoie,
    Le ciel se mire à mon miroir.

    Extrait de "La Source"

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Jean de La Fontaine

    
    "Le Loup et le Chien"
    de Granville


    Au XVIIème siècle, une oeuvre singulière : les Fables de La Fontaine

    A travers un genre à part, mineur et non codifié, Jean de La Fontaine (1621 - 1695) s'inspire, comme les autres classiques, dans ses fables, des Anciens, mais aussi du folklore français et étranger. Il imite ses maîtres avec une grande liberté. Tout comme les personnages de Molière, ceux de La Fontaine représentent toutes les couches sociales. En moraliste, il dépeint toute la société française de la seconde moitié du siècle. La recherche du bonheur, l'homme et le pouvoir, sont les deux thèmes chers à La Fontaine et que l'on retrouve dans ses "Fables". La fable, qui était avant un genre bref où l'anecdote se hâtait vers la morale, devient chez La Fontaine une ample comédie où tout est mis à sa place : le décor, les personnages, le dialogue.

    Extrait de "Le Loup et le Chien"

    Un Loup n'avait que les os et la peau ;
    Tant les Chiens faisaient bonne garde.
    Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
    Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
    L'attaquer, le mettre en quartiers,
    Sir Loup l'eût fait volontiers.
    Mais il fallait livrer bataille
    et le Mâtin était de taille
    A se défendre hardiment.
    Le Loup donc l'aborde humblement,
    Entre en propos, et lui fait compliment
    Sur son embonpoint, qu'il admire.
    Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,
    D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Pierre de Ronsard


    Pierre de Ronsard (1524 - 1586) :
    Le chef incontestable de La Pléiade à la Renaissance est Pierre de Ronsard. Poète de cour, il connaît la gloire de son vivant. Il pratique quatre grandes formes : l'ode, le sonnet, l'hymne, le discours. Ses premières oeuvres sont marquées par l'imitation des poètes antiques et italiens, mais son imagination et sa sensibilité prennent le dessus pour les imprégner d'un lyrisme personnel. Il fait l'éloge de la beauté physique et de la perfection morale de quelques personnages féminins, devenus célèbres grâce à la puissance évocatrice de ses images : "Les Amours de Cassandre" (1552), "Les Amours de Marie" (1555), "Sonnets pour Hélène" (1578).

    Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose
    En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
    Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
    Quand l'aube de ses pleurs au point du jour l'arrose.

    La grâce dans sa feuille et l'amour se repose,
    Embaumant les jardins et les arbres d'odeur ;
    Mais, battue ou de pluie ou d'excessive ardeur,
    Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.

    Extrait du "Sonnet sur la Mort de Marie"

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - François Villon

    François Villon (1431 - ?) :
    La poésie de ce voyou sublime éclaire la fin du Moyen Age. Sa vie ajoute à sa gloire une légende sulfureuse. Né à Paris, élevé par le chanoine Guillaume de Villon, dont il prend le nom, François de Montcorbier fut un mauvais garçon. Cambriolages, rixes, meurtres, compagnon des Coquillards, pilier de bordel, mais aussi familier des cours princières. Condamné, libéré, pardonné, puis, pour une broutille, en tant que récidiviste, il est condamné à être pendu. Sa peine sera commuée en dix ans de bannissement. Il quitte alors Paris sans laisser de traces.
    Poète lumineux, reconnu comme un maître du verbe, il atteint la perfection de la poésie médiévale et la dépasse en fondant une autre poétique. Liberté d'expression, langue du peuple, s'emparent de ses textes. Il met en question le monde et son savoir pour dire avec une sombre ironie son expérience d'autant plus vraie qu'il connut tous les excès : plaisir et souffrance, mal et beauté. Il a écrit des poèmes en jargon difficilement traduisible. C'était la langue parlée par les voyous et notamment les Coquillards.

    A lire : l'excellent "Je, François Villon" de Jean Teulé (Julliard)

    Extrait de "L'Epitaphe de Villon" ou "Ballade des pendus"

    Frères humains, qui après nous vivez,
    N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
    Car, si pitié de nous pauvres avez,
    Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
    Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
    Quant à la chair, que trop avons nourrie,
    Elle est piéça dévorée et pourrie,
    Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
    De notre mal personne ne s'en rie ;
    Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Christine de Pizan

    Christine de Pizan
    écrivant dans sa chambre
    Christine de Pizan et son fils

    Christine de Pizan
    présentant ses Epîtres du Débat

    Christine de Pizan (1364 - 1430) écrit dans une société qui réserve aux hommes tous les pouvoirs. Défendant la cause "féministe", se mêlant de politique, de science et de morale, elle nous a surtout laissé des poèmes déchirants où elle raconte ses amours perdues. Les miniatures qui ornent ses manuscrits la représentent à son pupitre, pâle, gracieuse, absorbée par l'étude et l'écriture. Elle aime par-dessus tout se retirer dans la solitude de son scriptorium, cette fameuse "chambre à soi" que Virginia Woolf revendiquera plus tard, sans laquelle il ne peut y avoir de création. En cette fin de XIVème siècle, où le livre est un luxe, Christine de Pizan compose ses ouvrages pour les princes. Puis elle les offre en grande cérémonie à ses nobles mécènes, qui lui procurent en échange écus et renommée.

    Mariée à l'âge de quinze ans à Etienne du Castel, notaire du roi, elle aime son mari choisi par son père. Ils ont trois enfants et vivent heureux pendant dix ans, jusqu'à la mort d'Etienne. Elle demeure seule, ayant à charge sa mère, sa fille, ses deux garçons et une nièce recueillie par la famille. Christine de Pizan s'invente alors une vie singulière.

    Elle entre en littérature par la poésie. Elle compose rondeaux, ballades et virelais. Ses plus beaux vers scandent la douleur et les regrets amers. Elle ose affronter l'Université, alors fermée aux femmes, dans la "querelle littéraire du Roman de la Rose" : dans la suite qu'il donne au premier Roman de la Rose, poème courtois de Guillaume de Lorris, le poète Jean de Meung professe en effet le mépris du genre féminin. Il est soutenu par ses pairs érudits mais Christine de Pizan trouve les mots justes et ardents pour désarmer ses adversaires.

    En ce début de XVème siècle, le royaume est déchiré par la guerre civile entre armagnacs et bourguignons, Charles VI est en proie à la folie et les Anglais envahissent le pays. Le climat est si meurtrier à Paris que Christine de Pizan finit par renoncer à prêcher la sagesse. Elle se retire en l'abbaye de Poissy où demeure sa fille, et se tait pendant onze années. Elle ne sort de son mutisme que pour chanter les louanges d'une jeune fille de seize ans venue sur les marches de Lorraine pour libérer Orléans assiégée par les Anglais. Christine de Pizan meurt après avoir composé son Dictié de Jeanne d'Arc. Elle n'assistera pas au procès de la Pucelle, condamnée pour sorcellerie par ces mêmes universitaires qu'elle a combattus.

    Longtemps ignorée, on la redécouvre au XIXème siècle lorsque le romantisme s'abreuve aux sources gothiques mais non sans misogynie. On réédite aujourd'hui une partie des oeuvres politiques de Christine de Pizan.

    (cf Magazine Muse - Avril 2007)

    Seulette suis et seulette veux être,
    Seulette m'a mon doux ami laissée,
    Seulette suis sans compagnon ni maître,
    Seulette suis, dolente et courroucée,
    Seulette suis en langueur malmenée,
    Seulette suis plus que tout autre égarée,
    Seulette suis sans ami demeurée,
    Seulette suis à huis ou à fenêtre,
    Seulette suis en un angle cachée,
    Seulette suis pour rassasier de pleurs,
    Seulette suis, dolente ou apaisée,
    Seulette suis, rien n'est qui tant me sied.

    Extrait de "Ballade", tiré de Mon coeur qui est maître de moi,
    de Christine de Pizan et Charles d'Orléans


    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Rutebeuf

    Rutebeuf (vers 1230 - vers 1285) :
    On ne sait quasiment rien de sa vie sauf qu'il était probablement un jongleur avec une formation de clerc (il connaissait le latin). Son oeuvre, très diversifiée, qui rompit avec la tradition de la poésie courtoise des trouvères, comprend des hagiographies (Vie de Sainte Helysabel), du théâtre (Miracle de Théophile), des poèmes polémiques et satiriques (Renart le Bestourné ou Dit de l'Herberie) envers les puissants de son temps. Rutebeuf était aussi un poète "personnel", l'un des premiers à nous parler de ses misères et des difficultés de la vie et inspirera Villon et Apollinaire.
     

    Que sont mes amis devenus
    Que j'avais de si près tenus
    Et tant aimés
    Ils ont été trop clairsemés
    Je crois le vent les a ôtés
    L'amour est morte
    Ce sont amis que vent me porte
    Et il ventait devant ma porte
    Les emporta
    Avec le temps qu'arbre défeuille
    Quand il ne reste en branche feuille
    Qui n'aille à terre
    Avec pauvreté qui m'atterre
    Qui de partout me fait la guerre
    Au temps d'hiver
    Ne convient pas que vous raconte
    Comment je me suis mis à honte
    En quelle manière
    Que sont mes amis devenus
    Que j'avais de si près tenus
    Et tant aimés
    Ils ont été trop clairsemés
    Je crois le vent les a ôtés
    L'amour est morte
    Le mal ne sait pas seul venir
    Tout ce qui m'était à venir
    M'est advenu
    Pauvre sens et pauvre mémoire
    M'a Dieu donné, le roi de gloire
    Et pauvre rente
    Et droit au cul quand bise vente
    Le vent me vient, le vent m'évente
    L'amour est morte
    Ce sont amis que vent emporte
    Et il ventait devant ma porte
    Les emporta
    Adaptation en Français moderne
    de la
    Griesche d'Hiver.


    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Introduction

    La poésie est un genre littéraire très ancien aux formes variées écrites généralement en vers (il existe cependant des poèmes en prose), dans lequel l'importance prédominante est accordée à la forme. C'est un art du langage qui propose une utilisation maximale des ressources de la langue. La poésie reste cependant difficile à définir, et cette définition varie d'ailleurs au fil du temps, au point que chaque siècle peut lui trouver une fonction et une expression qui varient aussi d'auteur en auteur. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité, d'où le recours aux vers, à l'importance du choix des mots et aux figures de style. L'expression poétique s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques et les individus. Mais la définition de genres poétiques a toujours été discutée. La poésie, plus que tout autre genre littéraire, est d'abord la rencontre entre celui qui dévoile son monde par ses mots et le lecteur qui partage cette intimité-là.

    La poésie (du latin poesis qui signifie "créer"), c'est du silence et de la solitude autour d'une feuille blanche. Puis des émotions. Sentir celle qui vient, celle qui n'ose pas ou celle qui, débordante, a du mal à se laisser contenir dans un vers. C'est s'écouter, d'abord, travailler ensuite. Parce que ce n'est pas tout d'avoir le spleen pour écrire comme Baudelaire. La poésie est un art majeur dont la littérature n'a pas le monopole. Peinture, architecture, cinéma produisent des oeuvres capables d'enchanter l'existence et de la commenter autrement. Et si ce n'était que cela, la poésie ? Rien que ça et tout ça ? L'indispensable et le futile ? Comme le sont ces quelques vers sur la feuille blanche pour celui qui les pose dans un moment de solitude, de silence et d'émotions.              (Magazine Muze - Mars 2007)

    Pour ce dossier, nous avons choisi de vous présenter quelques poètes que nous aimons tout particulièrement (Rutebeuf, Christine de Pizan, François Villon, Pierre de Ronsard, Jean de La Fontaine, Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud), et un mouvement qui nous semble important dans l'histoire de la poésie française : le Parnasse.

    LA POESIE, LE SLAM, LES HAÏKUS - Le Mot des Libériades

    Quel extraordinaire moment passé cet après-midi du mercredi 26 octobre ! Cette première fois au Café "Le Bal des Oiseaux" fut une réussite : confortablement installés, endroit calme et très chaleureux. La Poésie nous a beaucoup inspirés. Rencontre littéraire très riche, intime, émouvante, pleine de souvenirs personnels, nous avons aussi beaucoup ri. Merci infiniment à tous !