jeudi 27 octobre 2011

LES HAÏKUS - Un peu d'histoire...


Le haïku est la forme poétique la plus courte du monde. C'est ainsi que, depuis plusieurs siècles, les Japonais expriment leur bonheur, leur agacement, leur tristesse, leur étonnement, leur joie d'être au monde. Il se compose de trois phrases de 5, 7, 5 idéogrammes, soit une seule ligne en japonais. Son esprit actuel est attribué au poète Bashô (1644 - 1694), maître du style comique qui érige le haïku au rang d'une forme d'art absolu. Adepte du zen, poète-voyageur, il mène une vie itinérante, suivi par de nombreux disciples. Il fixe des règles strictes pour la composition des haïkus et la présence indispensable du mot-saison (kigo). Selon Bashô, un haïku, "c'est simplement ce qui arrive en tel lieu, en tel moment". Au sommet d'une montagne ou au bout de la rue, au coeur d'une tempête ou au milieu d'une sieste.

L'origine du mot haïku remonte au tanka (en 760), qui signifie "poème court", incantations et chants destinés aux déités et qui contiennent des références précises aux saisons et aux éléments de la nature liées au culte animiste shintô.

Il consiste en cinq vers de 5, 7, 5, 7, 7 idéogrammes. La première partie, ou hokku (5, 7, 5) doit évoquer la saison, la nature. La seconde partie (7, 7) lie la scène à un sentiment ou à une émotion. Si le haïku n'indique ni saison, ni moment particulier, on l'appellera un moki.

Le hokku donnera naissance au haïkaï, et plus tard au haïku, qui continuera à transmettre sentiment ou émotion sans les citer. Cet art de suggérer un état intérieur sans le décrire est précisément considéré au Japon comme l'essence même de la poésie.

Les Japonais d'aujourd'hui continuent, bien sûr, à écrire des haïkus. Ils en sont les maîtres. Mais ils ne sont plus les seuls. Il s'en écrit maintenant dans toutes les langues. Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le tout début du XXème siècle. Les écrivains occidentaux ont alors tenté de s'inspirer de cette forme de poésie brève. Mais l'exacte transposition de la composition originale japonaise, du fait des idéogrammes, est impossible, quelle que soit la langue. Un idéogramme ne correspond pas à une syllabe. Ceci donne d'ailleurs lieu à de vifs débats passionnés entre haïkistes : ceux partisans d'imposer des règles strictes de composition favorisant ainsi davantage le jeu intellectuel ; et ceux partisans d'une liberté presque totale d'écriture favorisant ainsi davantage la spontanéité et la sensibilité. Chacun a donc ses propres règles.

Le haïku ne décrit pas seulement les choses. C'est avant tout une photographie subtile et instantanée  des sens, des émotions, teintée souvent d'humour et de figures de style, et qui doit impérativement provoquer un sentiment chez le lecteur, ne serait-ce qu'un tressaillement. Mais de son côté, c'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image.

Sources :
Ces excellents ouvrages :
"Mon carnet de haïkus" d'Anne Tardy (Gallimard Jeunesse)
"Haïku - Anthologie du poème court japonais" (nrf Poésie/Gallimard)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire