dimanche 26 juin 2011

LES ROMANS HISTORIQUES - "Le Chant des Sorcières"

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"Le Chant des Sorcières" de Mireille Calmel (Pocket)
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1483. Vercors. La jeune Algonde, fille de l'intendante du château de Sassenage, échappe miraculeusement à la mort (emportée dans les torrents du Furon). Elle confie à son ami et amour d'enfance, Mathieu, avoir été sauvée par la fée Mélusine. Seulement, son salut a un prix. Projetée au coeur d'une terrible prophétie, Algonde sait que seuls l'abnégation, les sacrifices et la ruse pourront sauver les siens et protéger les portes des Hautes Terres, les origines du monde perdu par la corruption. Trois enfants devraient naître bientôt, dont un prince, le futur roi de ces Terres perdues. Au prix de son amour pour Mathieu, de son amitié pour la jeune baronne Hélène de Sassenage, Algonde, informée par Mélusine, a pour destinée de tout faire pour permettre la réalisation de la prophétie. Les forces qui la guident et la torturent se partagent et se mêlent souvent. Les cicatrices se gardent et ne guérissent pas toujours.

Résumer cette trilogie médiévale comme une histoire manichéenne serait une belle erreur. Résumer cette trilogie est un exercice très difficile. De nombreux personnages donnent vie à l'oeuvre de Mireille Calmel et hantent ses pages. Tout commence avec une histoire de femmes. Algonde, Mélusine (la fée), Marthe (la Harpie), Gersende (la mère d'Algonde), Sidonie, Philippine devenue Hélène... Tout commence aussi avec un décor : un château de la noblesse médiévale du royaume de France, dans les terres du Vercors au XVème siècle.

Suivent alors les costumes, les odeurs, les traditions, les mythes, les superstitions, la foi, la cour et ses courtisans, les intrigues, les coiffes, les domestiques, les paysans, les nobles, les peurs et les amours qui nous plongent littéralement dans l'intrigue. Nous lisons et nous sentons l'odeur du pain chaud que Mathieu et son père préparent dans la cour du château ; nous sentons l'odeur âcre et putride de l'haleine de Marthe lorsqu'elle humilie Algonde ; nos yeux brûlent des larmes de notre héroïne ; nous aimons le baron avec la même passion que Sidonie ; et surtout, nous avons cette force des femmes de tous les âges, de tous temps, face au mal, face à la haine, face à l'injustice.

Mais les hommes ne sont pas en reste, et l'auteur décrit autant leurs forces que leurs faiblesses. Du plus aimant au plus vil, entre le baron Jacques et Philibert de Montoison, la gent masculine a également sa place au sein de la fresque "calmelienne". Certains aiment, d'autres violent, certains soutiennent et affrontent, d'autres fuient et trahissent, mais les choix des personnages sont complexes et certains de leurs actes abjects nous émeuvent au lieu de nous révolter.

La lecture est bercée de ce trouble constant face aux choix, à la violence ou à l'amour qui motivent les personnages.

Cette trilogie passionnée et passionnante rêve des grandeurs médiévales jusqu'en Orient, et voyage de légendes en intrigues, de combats en baisers, de haine en amour. Mireille Calmel porte ses héroïnes avec une passion rare et nous transporte avec poésie et violence dans un univers bouleversant de rêves et de cauchemars.

Un hymne à la vie, à l'amour, sans ménager la violence et la souffrance qui lui sont nécessaires. On referme les livres avec un sentiment de puissante envie de vivre...

Lou

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