vendredi 24 juin 2011

LES ROMANS HISTORIQUES - WALTER SCOTT, LE MAITRE INCONTESTE DU GENRE

Illustration de "Waverley"








                                              

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Contexte historique :

Walter Scott a beaucoup écrit sur la période des "Révoltes Jacobites". C'est une série de soulèvements, de rébellions, et de guerres dans les Iles Britanniques entre 1688 (date à laquelle les Anglais chassèrent le catholique Jacques II) et 1746 (dernière bataille d'où les Anglais sortirent vainqueurs), et qui visent à ramener les Stuart sur le trône d'Ecosse.

La dernière rébellion jacobite, "Les Quarante-Cinq" , fut évoquée également par Dumas dans sa trilogie sur les Vallois : "La Reine Margot", "La Dame de Montsoreau", "Les Quarante-Cinq".

L'Acte d'Union des Couronnes a été signé en 1707 après d'âpres nécociations, notamment financières. L'Ecosse devait garder ses propres institutions : le droit, l'enseignement, la religion, mais les députés et les Lords écossais siégeront désormais au Palais de Westminster en Angleterre.

Depuis, deux partis s'opposent : les Tories, conservateurs qui veulent une monarchie puissante, et les Whigs, libéraux plus favorables au Parlement.


Walter Scott (1771 - 1832) :

Né en 1771, son imagination est éveillée dès l'enfance aux traditions de l'Ecosse, et sa vocation littéraire se précise au cours de longues promenades où il recueille les légendes, les récits de batailles, les histoires des anciens héros de l'Ecosse et où il se fait raconter les vieilles ballades populaires par les paysans et les bergers, dont la langue est souvent archaïque. Avocat de formation, mais poète dans l'âme, ces ballades, il les transpose ensuite dans les deux volumes des "Chants des ménestrels de la frontière écossaise" qui le feront connaître. Dès lors, les poèmes se succèdent : de "La Dame du Lac" en 1810 à "Harold l'intrépide" en 1815.

Cependant, le succès d'un certain Lord Byron menace la carrière poètique de Walter Scott. Alors, Scott se tourne vers le roman. Il crée le Roman Historique en inscrivant dans ses textes toute sa passion pour la culture et les traditions de son pays. Son premier roman, "Waverley", parait anonymement en 1814. Dans cet ouvrage, il décrit les aventures d'un jeune Anglais qui, par amour pour la fille d'un chef de clan écossais, se retrouve mêlé à la révolte jacobite de 1745.

D'autres ouvrages suivront sous son vrai nom.

"Rob Roy" en 1818 (personnage réel de Robert Roy MacGregor, 1671-1734, voleur de bétail et pillard engagé dans la révolte jacobite de 1715).

Le plus romantique de ses romans, "La Fiancée de Lammermoor", paru en 1819, est aussi inspiré par un fait réel, et a inspiré à son tour nombre de créateurs, notamment le peintre Eugène Delacroix et le compositeur Donizetti, qui en a fait un opéra : Lucia Di Lammermoor. Un fait divers en Ecosse au XVIIème siècle, au milieu de l'agitation politique, alors que le pays est sur le point d'être uni à l'Angleterre, Edgar Ravenswood considère comme son mortel ennemi Sir William Ashton, qui lui a ravi le domaine de ses ancêtres. Pourtant, lors d'un incident en forêt, Edgar Ravenswood sauve la vie de la fille de Sir William Ashton, Lucy, dont il tombe amoureux.

"Une légende de Montrose" évoque l'Ecosse et les Highlands sous Charles Ier pendant la Guerre Civile.

En 1819, Walter Scott, qui jusque là décrivait le passé récent de l'Ecosse, publie son premier vrai roman historique avec l'évocation de l'Angleterre du XIIème siècle dans "Ivanhoé". Le saxon Cédric a exilé son fils, le chevalier Wilfred d'Ivanhoé, car ce dernier a osé défier sa volonté en aimant Lady Rowena,  fille adoptive de Cédric. Ivanhoé rejoint alors le Roi Richard Coeur-de-Lion, parti en croisade en Palestine. Pendant l'absence du Roi, son frère, le Prince Jean, tente de s'emparer du trône. Dans le même temps, une lutte sans merci se ravive entre les saxons et les conquérants normands. Ivanhoé revient secrètement en Angleterre avec le Roi Richard. Tous deux déguisés, ils écrasent les chevaliers normands, partisans du Prince Jean, au tournoi d'Ashby. Après de multiples aventures, le Roi Richard retrouve son trône et Ivanhoé peut enfin épouser Lady Rowena. La paix est enfin revenue. "Ivanhoé" connut un large succès et lança la vogue du Roman Historique en Europe.

Puis paraissent "Le Monastère" et "L'Abbé" (sur Marie Stuart) en 1820, et "Kenilworth" (qui raconte l'histoire d'Elisabeth 1ère et d'Amy Robsart, épouse de Robert Dudley, favori d'Elisabeth 1ère, et trouvée morte dans des conditions douteuses. "Amy Robsart" est également un drame en cinq actes de Victor Hugo), et "Le Pirate" (qui prend pour toile de fond la vie dans les Shetland à la fin du XVIIème siècle) en 1821.

En 1823, "Quentin Durward" décrit la France de Louis XI, à travers les aventures d'un archer écossais de la garde du roi.

Les sources historiques des romans de Walter Scott sont cependant peu solides. Ce n'est pas la caractéristique principale de la trame. Scott utilise surtout les traditions, les légendes, les décors de son pays, propres à faire rêver ou frissonner.

Sa passion pour son pays et l'évocation des Révoltes Jacobites dans nombre de ses romans ont renforcé son image de patriote. Traditionnellement surnommé "Le Magicien du Nord", on lui doit le retour du tartan et du kilt interdits depuis 1746.

Ses ouvrages valent à Walter Scott une célébrité universelle et exercent une profonde influence sur les écrivains romantiques. Enrichi par ses oeuvres, il achète le château d'Abbotsford, où il mène une vie de grand seigneur. Mais la faillite de son éditeur, auquel il est associé, le ruine en 1826 et le contraint à passer les dernières années de sa vie enchaîné à sa table de travail pour payer ses créanciers. Il meut en 1832.

Eugène Delacroix s'inspira de "Ivanhoé" pour son tableau "L'enlèvement de Rebecca", de "La Fiancée de Lammermoor", et de "Quentin Durward" pour peindre Louis XI.

Walter Scott exerça une influence profonde non seulement sur ses successeurs anglais du XIXème siècle, mais aussi en France, où ses romans ont connu, sous la Restauration, un succès considérable et influencé toute une génération d'écrivains romantiques. Alfred de Vigny, Victor Hugo, et Balzac, bien que lui reprochant comme Chateaubriand ses inexactitudes historiques, qui lui rendit hommage dans l'avant-propos de "La Comédie Humaine", ont reconnu en Walter Scott le Maître du Roman Historique.

Les traductions françaises des romans de Walter Scott mériteraient d'être renouvelées, car elles sont aujourd'hui un peu désuètes. Ce sont des histoires qui passionneraient de nouvelles générations de lecteurs !

Moka

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