vendredi 11 février 2011

LA PLACE, d'Annie Ernaux (Gallimard)

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LA PLACE
d'Annie Ernaux (Gallimard)
Prix Renaudot 1984
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Annie Ernaux : Née en 1940 en Normandie, Annie Ernaux grandit à Yvetot, fille unique de petits commerçants, ses parents tiennent un café-alimentation proche de la gare. Professeur de Lettres, admiratrice de Virginia Woolf et de Simone de Beauvoir, elle publie en 1974 Les Armoires vides, puis ne cesse d'écrire des romans proches de l'autobiographie, presque des documents sur la seconde moitié du XXème siècle, des romans où elle se livre en toute sincérité, les livres vrais, intimes...
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L'histoire : Dans un lycée de Lyon, Annie Ernaux vient de réussir son Capes. Elle est maintenant Professeur de Lettres "titulaire". Etrangement, elle ne ressent aucune joie particulière en l'annonçant à ses parents dans une lettre. Deux mois après, jour pour jour, son père meurt dans une petite ville tranquille de Normandie. Annie Ernaux se souvient de ces moments funèbres dans le café-alimentation que tenaient ses parents. Elle raconte la vie de son père, son ascension sociale, fils de paysan, garçon de ferme, ouvrier, jusqu'au jour où il devient propriétaire, "patron", d'un petit commerce et qui l'éloigne de sa famille. Puis, il y a sa propre ascension sociale qu'elle gagne grâce à l'école, à l'université, au savoir, à la littérature, à son "travail intellectuel" que son père ne reconnait pas parce rien ne vaut le "travail manuel", et sa propre fracture avec sa famille, avec son père surtout...
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Mon avis : Une écriture directe, vraie, sincère, intime. Quelle justesse ! Annie Ernaux nous plonge dans une peinture sociale de la Normandie du milieu du XXème siècle, et évoque avec beaucoup de simplicité et de pudeur sa douleur, récurrente dans l'ensemble de son oeuvre, celle de sa volonté, comme l'avait eue avant elle son propre père, de s'élever au-dessus de sa condition sociale, sa douleur de ne plus être comprise par son père, de ne plus parler la même langue que lui, de ne plus faire partie du même milieu, et de ne plus avoir les mêmes codes.
Un livre humain, fragile et bouleversant !
Moka
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Cf Magazine Muze - mars 2008
Retrouvez Annie Ernaux pour Les Années dans ce blog à "Juin 2010"
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